Adopter une mobilité durable

    Et si nos choix de transport n’étaient pas si individuels qu’on le pense ? 

    On aime à croire que nos modes de déplacement relèvent de décisions personnelles, rationnelles, et autonomes. Pourtant, ces décisions sont profondément influencées par notre environnement matériel, social, et professionnel. Les sciences sociales l’attestent : nos comportements de mobilité ne sont jamais totalement individuels.  

    Ce que nous croyons être un choix personnel est, en réalité, largement façonné par les entreprises et organisations (établissements d’enseignement supérieur, collectivités…) que nous fréquentons quotidiennement.  

    Les résultats de notre étude sont d’ailleurs sans appel : la culture organisationnelle agit comme un levier indirect mais puissant à l’adoption d’une mobilité durable. Et ce, même lorsque l’on tient compte des conditions extérieures, comme l’offre de transport à disposition.

    Pourquoi ? Parce que, même si les organisations ne dictent pas directement nos comportements, elles les rendent socialement désirables.

    En matière de mobilité, deux leviers s’avèrent particulièrement efficaces : 

    • les normes sociales, c’est-à-dire ce que font les autres et ce qu’ils valorisent au sein de l’organisation, 
    • les pratiques organisationnelles « vertes » visibles et concrètes, telles que la politique RSE (économies d’énergie, des ressources, protection de la biodiversité…) ou les comportements durables des individus (mobilité active, tri des déchets…).  

    Nous avançons une hypothèse encore peu explorée : la culture organisationnelle influence le comportement de mobilité des membres de l’organisation, alors même qu’il est réalisé en dehors de celle-ci. 

    Pour la tester, nous avons mené une étude auprès de 294 étudiants issus de différents établissements d’enseignement supérieur en France.

    Dans un contexte où le secteur des transports est responsable de près de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France, il est urgent d’élargir notre compréhension des choix de mobilité des individus. Influencer les comportements ne se limite pas à la construction d’infrastructures facilitatrices des déplacements mais implique avant tout l’adoption d’une logique collective. 

    Alors, que faire de ce constat ? Il est temps d’admettre que les entreprises et organisations ont un rôle essentiel à jouer dans l’adoption d’une mobilité plus responsable des individus.  Notamment par les valeurs qu’elles incarnent mais aussi par les comportements qu’elles rendent possibles.  

    Et si demain, tous les établissements d’enseignement supérieur de France adoptaient une culture organisationnelle en phase avec les enjeux climatiques actuels ? Ils pourraient alors influencer près de 3 millions d’étudiants que comptabilise le pays ; autant d’actifs en devenir à même d’adopter les meilleurs réflexes pour leurs déplacements du quotidien. 

    Lola Joly, chercheure doctorante sur l’impact de la culture organisationnelle des établissements d’enseignement supérieur sur la mobilité étudiante au sein de l’unité de recherche et d’innovation CESI LINEACT.