Mon trajet vert donne la parole à Thibault Quéré, directeur du plaidoyer et porte-parole de la Fédération française des usagers de la bicyclette, pour répondre à nos questions sur l’usage du vélo aujourd’hui par les Français.
Quelle est la part des déplacements qui s’effectuent à vélo chaque jour en France ?
Lors de la dernière enquête mobilité des personnes de l’INSEE qui date de 2019, avant le Covid, 2,7% de tous les déplacements étaient effectués à vélo. Depuis, on estime la hausse de la pratique à plus de 40%, selon la plateforme nationale des fréquentations de Vélo & Territoires.
Fin 2021, 4,5 % des Français effectuant quotidiennement des trajets vers leur lieu de travail ou d’études déclarent utiliser le vélo pour tout ou partie de leur parcours. Parmi eux, 1,9 % combinent l’usage du vélo avec les transports en commun (source).
Est-ce que la pratique du vélo a progressé et qu’est-ce qui a changé depuis les 30 dernières années ?
Les données de l’enquête Transports et communication (anciennement Mobilité des personnes) de 1994 sont difficilement accessibles. Les chercheurs notent toutefois une baisse continue des déplacements effectués à vélo jusqu’aux années 2000, notamment là où la pratique restait plus élevée que dans les cœurs de grandes villes (campagnes, zones périurbaines).
À partir des années 2000, la pratique du vélo, qui avait atteint son niveau le plus bas dans les grandes villes françaises, commence à repartir à la hausse grâce notamment à l’introduction de nouveaux aménagements favorables au vélo dans le code de la route, à des investissements dans les infrastructures, équipements et services (comme le Vélib’), ainsi qu’à un regain d’intérêt collectif pour ce mode de déplacement.
Quels sont les types de déplacement qui sont effectués le plus souvent à vélo ?
Selon un sondage de 2024 du Ministère des Transports, il s’agit principalement de déplacements utilitaires (environ 60%) : courses, garderie, école, travail, etc. Le reste des déplacements est couvert par les pratiques sportives et cyclo-touristiques.
En moyenne, les trajets à vélo font 3,4 km et durent 19 minutes (source).
Quelles sont les motivations des personnes qui effectuent leurs déplacements à vélo ?
Plusieurs déterminants, non exclusifs entre eux, existent :
- Une offre de transport efficace, sécurisée et confortable pour les trajets du quotidien : dans de nombreux territoires, se déplacer à vélo est le moyen le plus efficace grâce notamment à des réseaux de pistes et de voies cyclables sécurisées et confortables. Dans des territoires où l’offre de transports collectifs n’est pas très dense, seul le vélo est accessible aux personnes non-motorisées pour des déplacements qui ne peuvent s’effectuer à pied.
- Une offre de transport économe : pour de nombreuses personnes, marcher ou se déplacer à vélo constituent les deux modes de transports accessibles financièrement à défaut d’une tarification sociale des offres de transports en commun.
- Un mode de transport individuel : au même titre que la voiture ou la moto, le vélo offre une autonomie très forte dans ses déplacements qui pallie les contraintes associées au système de transport collectif.
- Des motivations sanitaires ou environnementales.
Quel est l’usage du vélo chez les étudiants ?
Les étudiants constituent l’un des moteurs historiques de la pratique du vélo.
Leur usage est passé de 5,6% à 3,6% en 2019. La baisse de la pratique s’est concentrée sur la décennie 2010 du fait de l’arrivée massive d’offres de transport collectif dans certaines villes universitaires. Les étudiants se mettent au vélo avant tout pour des motifs de praticité et de pouvoir d’achat et/ou d’accessibilité.
Y a-t-il une saisonnalité pour la pratique du vélo ou est-ce que les cyclistes l’utilisent tout au long de l’année ?
La pratique du vélo est bien sûr plus importante aux beaux jours pour des raisons évidentes de confort mais aussi de sécurité (meilleure visibilité, freinage moins dangereux). Toutefois, on observe dans les villes où la pratique du vélo augmente et où les aménagements de la ville sont favorables au vélo que :
- le différentiel beaux jours/mauvais jours se réduit : les personnes se déplacent pour leurs trajets du quotidien et n’ont donc pas le choix que de se déplacer à vélo sauf à renoncer,
- les jours pluvieux, la pratique excède les beaux jours des années précédentes. C’est le cas notamment à Lyon.
Pour en savoir plus sur les déplacements à vélo, consultez nos astuces et bons conseils.